Deux hommes sont actuellement jugés à Antananarivo pour avoir tenté de
passer en contrebande près de 196 tortues appartenant à une des espèces
les plus rares au monde.
Les deux contrebandiers, un malgache et un indien, ont été arrêté à
l’aéroport d’Itavo alors qu’ils s’apprêtaient à s’envoler pour Nairobi
avec dans leurs bagages 195 tortues endémiques ainsi qu’une tortue à soc
adulte . Ayant presque réussi à déjouer les systèmes de sécurité, le
scanne de leurs bagages a permis aux autorités locales de les
appréhender.
Richard Hugues, Représentant régional du WWF Madagascar a déclaré : «
Nous applaudissons le gouvernement et les autorités pour leur vigilance
accrue à faire respecter les lois, comme dans cet exemple, et nous les
encourageons à continuer et espérons que ce cas ainsi que les prochains
seront suivis de peines lourdes ».
« Le gouvernement de transition malgache a montré les signes d'une
volonté politique de résoudre les problèmes liés au trafic , notamment
pour leurs bois précieux comme le palissandre et l’ébène » annonçait
Ndranto Razakamanarina, Conseiller politique WWF à Madagascar. « Cette
volonté politique doit être étendue à l'application du droit malgache et
à tous les crimes contre les espèces protégées endémiques de l’île
comme les tortues par exemple ».
Une enquête publiée par le WWF en 2010 révélait que chaque semaine plus
de 10 camions transportant des zébus et près de 1000 tortues quittaient
illégalement le plateau de Mahafaly au sud de Madagascar . L’instabilité
politique du pays a engendré une hausse du braconnage des tortues
araignées et des tortues radiées.
Le commerce international des tortues araignées, tortues à soc et
tortues radiées est aujourd’hui interdit par la CITES , mais ces
dernières restent malheureusement largement menacées et exploitées pour
répondre aux demandes des marchés asiatiques et européens où elles sont
vendues comme animaux de compagnie.
Le WWF estime que plus de 60 000 tortues sont extraites de leur milieu naturel chaque année .
La tortue radiée est également recherchée pour sa chair. En effet les
populations locales la mangent lors des fêtes comme à Pâques, le Jour de
l’indépendance ou encore à Noël.
Enfin leur habitat est lui aussi menacé par les coupes sauvages et les incendies de forêt.
La tortue radiée (Astrochelys radiata ) et la tortue araignée (Pyxis
arachnoides ), deux des espèces endémiques du sud et du sud-est de
l’île, font parties des espèces emblématiques des éco-régions des forêts
épineuses. Ces dernières sont hautement menacées d’extinction si le
taux actuel de contrebande continu.
Afin d’enrayer cette possible tragédie, le WWF MWIOPO (bureau des
programmes de Madagascar et de l’Océan Indien) a développé, en 2010, un
plan d’action de conservation de ces deux espèces.
Renforcer l’application des lois
On peut d’ores et déjà observer des résultats encourageants sur les
sites protégés. De décembre 2010 à janvier 2011, 393 tortues (277
tortues radiées et 116 tortues araignées), destinées au trafic ont été
saisies par les agents des services forestiers et les membres de la
police.
Malgré ces résultats, une saisie comme celle effectuée en juillet
dernier montre que les tortues endémiques de Madagascar continuent
d’être braconnées et sorties illégalement du pays et que les efforts
fournis par les autorités passent encore inaperçus.
Des lois sont en place mais leur faible application et les peines
dérisoires encourues par rapport aux enjeux financiers liés aux trafics
illégaux ont favorisé la corruption.
Ndranto Razakamanarina ajoute : « Des mesures importantes doivent être
prises afin de s’assurer de l’application de ces lois de façon
appropriée. Il ne doit y avoir ni compromis ni exception ».
Source : WWF
15/08/2011